Le métier d’ébéniste est un de ces nombreux métiers d’art qui mettent en œuvre un savoir-faire unique pour faire naître des pièces précieuses et sophistiquées.
Le savoir-faire de l’ébéniste est de plus en plus prisé dans l’univers du design et notre Magazine Déco s’y intéresse, à l’heure où l’on assiste à un véritable revival des petites séries et des pièces uniques (voir notre article sur les éditions limitées).
Description d’un métier qui a plus que jamais sa place dans l’univers du design contemporain.
L’ébéniste est un artisan qui travaille le bois. Il réalise des meubles, des objets, des éléments de décoration. Il travaille « à la main », aucune des pièces sorties de son atelier n’est confrontée à des procédés industriels majeurs.
Il ne faut pas le confondre avec le menuisier qui travaille aussi le bois mais produit des pièces moins sophistiquées. Dès lors qu’un ouvrage nécessite un travail de finition aigu, un menuisier ne peut l’achever sans faire appel à un ébéniste ou tout autre maître d’art.
Les finitions qui entrent dans le champ d’activité de l’ébéniste sont nombreuses, les plus connues sont la marqueterie et les placages que l’on retrouve dans beaucoup de grands classiques du mobilier, chez André Charles Boulle par exemple mais aussi chez les maîtres de l’Art nouveau et de l’Art déco. L’ébéniste doit être extrêmement méticuleux et rigoureux. La marqueterie consiste à coller sur la surface plane d’un meuble des morceaux de fines couches d’un matériau les uns à côté des autres afin de dessiner un motif plus ou moins sophistiqué. Le placage quant à lui consiste à coller sur une surface plane un matériau de fine épaisseur sans volonté de dessiner un motif. Il existe beaucoup d’autres techniques telles que les incrustations, les laques, les vernis. Pour certaines techniques, l’ébéniste s’adjoint les services d’un confrère : dorure, gainage de cuir, vernis sont bien souvent l’apanage de maîtres d’art spécialisés.
Les champs d’application de l’ébénisterie sont variés. Certains se spécialisent dans la restauration de meubles anciens. D’autres produisent des pièces pour des commanditaires privés, des architectes et des designers.
Le binôme designer/ébéniste est de plus en plus commun. On assiste de nos jours à un véritable retour à l’esprit du début du XXème siècle lorsque la plupart des créateurs de mobilier dessinaient des modèles qui étaient réalisés par des ébénistes. Ce schéma avait été totalement chamboulé dès les années 1930 avec l’arrivée de la production industrielle dans le domaine de l’ameublement. Seuls quelques aficionados de la pièce unique continuaient alors à travailler avec des ébénistes.
Dans le cadre d’une collaboration ébéniste/designer, lors de la fabrication de la pièce, il y a plusieurs phases de travail pendant lesquelles les deux professionnels doivent s’accorder entre d’un coté l’esthétique voulue par le designer et de l’autre la faisabilité technique du projet. C’est ainsi que bien souvent un projet abouti ne ressemble pas totalement au prototype initial.
L’ébéniste peut aussi être un concepteur qui dessine sa propre ligne de mobilier.
Ludovic Avenel, fraîchement diplômé de la prestigieuse école Boulle, conçoit des meubles qu’il réalise ensuite au sein de son atelier. Il développe toute une gamme de mobilier en petite série ou en pièce unique. Il travaille des matériaux nobles dans l’esprit Art déco comme l’ébène du Gabon, le galuchat et aussi de matériaux plus contemporains et moins coûteux.
Antoine Mazurier est lui aussi à cheval entre les deux pratiques. Il dessine et réalise ses propres créations et répond à des commandes privées.
Citons également Nicolas Aubagnac qui dessine et édite ses meubles raffinés et sophistiqués tel un Ruhlmann de notre temps.
Ebéniste est avant tout un métier manuel. Ce savoir-faire exige rigueur, précision et méticulosité. L’ébénisterie est de plus en plus ancrée dans le design contemporain, à telle enseigne que les jeunes ébénistes sont de plus en plus nombreux à concevoir leur propre ligne de meuble.
Cette union du design et de l’ébénisterie n’est pas nouvelle pour autant. Elle existait déjà au début du XXème siècle avec les créateurs de mobilier Art déco qui s’adjoignaient les services de grands ébénistes. Sans remonter aussi loin, il faut s’arrêter aux années 80 pour rendre hommage à celui qui a véritablement relancé cette union des deux arts : feu Pierre Staudenmeyer. A travers sa galerie Néotù, spécialisée dans les pièces de designers réalisées par des maîtres d’arts parmi lesquels de grands ébénistes, il a lancé quelques-uns des plus grands noms du design de ces trois dernières décennies : Olivier Gagnère, Martin Szekely, Jasper Morrison pour ne citer qu’eux. Pas moins de huit cents modèles ont été édités par la galerie qui a fermé en 2001.